Mur des-amours, Gravures sur marbres (rebuts de la Marbrerie de Vitry), feuille d'or, socle en pierre de taille, dimensions variables. Installation réalisée lors ma résidence au fonds de dotation Verrecchia, au château de la Maye, à Versailles, 2023.
Partageant mon désir avec les autres résident.es de travailler sur l'Amour, un thème en relation avec l'histoire du lieu, j'ai recueilli des échanges amoureux qu'ils et elles avaient récemment eus dans leurs relations. De ces écrits intimes, j'ai sélectionné des phrases puis les ai gravés dans des fragments de marbres pour créer un mur reflétant les sentiments amoureux.ses qui habite ce lieu actuellement.
Un peu à la manière des Ex-Voto, les plaques gravées sont accrochées à un mur devant lequel nous pouvons nous remémorer nos états amoureux passés et ceux qui nous accompagnent encore aujourd'hui.
La découverte, buste et tête en pierre, sculpté à la main, reproduction de documents issus des archives de la ville de Versailles. Dimensions variables, 2023.
«L'artiste a commencé sa résidence par se rendre aux archives de la ville pour obtenir plus d'informations concernant le château de La Maye, et a remarqué que deux «illustres» couples y ont séjourné : Le Duc et la Duchesse de Windsor ainsi que le Roi et la Reine Géraldine d'Albanie.
Il a également trouvé un document stipulant que le Roi Zog Ier avait passé la commande d'une statue représentant sa femme, Géraldine d'Albanie, auprès d'un sculpteur Versaillais. Ainsi qu’une lettre évoquant le départ précipité du couple à cause de l'arrivée des Allemands, qui les a empêchés de prendre tous leurs biens. La lettre mentionne qu'« un jour ils pourront revenir les récupérer ». Cette phrase est restée dans son esprit et il a décidé de collaborer avec l'archéologue Matéo Martorella pour l'aider à mener une fouille dans le jardin du Château dans l’espoir de trouver Après plusieurs journées de recherche, ils ont découvert une tête sculptée et le buste de Géraldine d'Albanie enterrés au fond du château dans l'espoir de pouvoir les retrouver plus tard, après la guerre. Cette fiction archéologique créé des échanges entre les visiteurs et les habitants de Versailles, où doutes et imaginaires se bousculent pour nous déconnecter du présent.»
Océane Bazir.
Remerciements de l'artiste à Hugues Moncelet, Surya David White, Léna Chalazonitis, l'Institut Archéologique d'Albanie, et toustes les résident.es qui lui ont partagé leurs regards et leurs écrits.
Courage et peur, Bas-reliefs sculptés dans de la pierre de taille 60 x 30 cm et 4,5 cm d'épaisseur, 2023.
"Dans le cadre de sa résidence au château de La Maye, l'artiste a cherché à se confronter à l'histoire du lieu. Il a découvert que deux couples royaux y avaient séjourné, cela lui a donné l'occasion de se confronter à ses appréhensions et désirs : parler d'amour et travailler la pierre en volume (3D). Le résultat de sa résidence présente trois œuvres liées entre elles ; " La découverte", " Mur des-amours " et " Courage et peur".
Timothée Chalazonitis a récolté, auprès des autres résident.es, des échanges amoureux qu'iels avaient pu échanger récemment avec leurs amoureux.ses. De ces mots intimes, il a sélectionné des fragments et les a gravés pour faire un mur reflétant les émotions diverses qui nous traversent lorsque l'on est en amour. Les deux bas-reliefs en pierre de taille, Courage et Peur, mêlent dessin et typographie, signes et mots. Ces symboles évoquent les thèmes du temps et de l'amour et sont liés à la personne qu'il aime aujourd'hui".
Océane Bazir
Remerciements de l'artiste à Hugues Moncelet, Surya David White, Léna Chalazonitis, l'Institut Archéologique d'Albanie, et toutes les résident·es qui lui ont partagé leurs regards et leurs écrits.
Saxifrage, Fragment d'un texte de la sociologue Marie-José Mondzain lors de la rencontre Saxifraga Politica en 2005.
12 blocs de 25x25x25 cm de Tuffeau, à Saumur. Gravures co-réalisées avec Bruno Coubernoux, Nobouko Nansenet & Thibaut Barrault
Projet de création pour l'Académie des Savoir-faire de la Fondation Hermès. Marie-José Mondzain aimait parler des saxifrages, ces petites plantes qui vivent dans les fissures des rochers et dont le système racinaire peut parfois briser des morceaux de falaise de plusieurs tonnes.
"C'est la vie qui surgit au milieu des cailloux C'est la mobilité du jeu qui secoue le sommeil des choses".
Pour l'occasion, j'ai conçu une typographie créant plus d'angles, jouant davantage avec les vibrations de la lumière et la forme rectangulaire de l’installation collective.
E se domani, Gravure sur fragments de colonne en pierre de calcaire, enregistrement sonore, 2023.
Sur un fragment de colonne est gravé le début de la chanson de Mina:
« Et si demain je ne pouvais plus te voir ?
Et si tu te lassais de moi ?
Et si demain, et j’insiste sur le « si »,
par surprise, je venais à te perdre.
Je perdrais le monde entier,
pas seulement toi ».
Lors d’un voyage à Venise avec des ami.es, je pousse la porte d’une vieille boutique à souvenirs. Luigi nous accueille et nous fait assoir dans son arrière-boutique pour chanter, a cappella, E se Domani di Mina. Luigi nous fait ce cadeau, sans trop savoir pourquoi, il a voulu nous partager ce fragment d’Italie.
Le son de l’enregistrement effectué à ce moment-là est diffusé parmi les pierres, celles qui sont habituellement stockées dans mon atelier, tel un champs de ruines attendant de recevoir un jour, une nouvelle forme.
Le chant capital, Plaque de marbre, pierres de Saint Maximin, bois aggloméré hydrofuge, métal, poussière de pierre, dimensions variables, 2022.
Quel serait le chant des sirènes de notre époque ?
Quelles paroles pourraient nous traverser pour que l'on veuille les suivre et plonger avec elles au fond des mers ?
Quelles promesses et quels désirs sommes-nous prêts à suivre au risque de perdre notre raison ?
L’installation joue avec l’architecture brut du lieu d’exposition. Ces femmes-oiseaux rodent autour du buste d'Ulysse accroché au mat. Au sol, de manière discrète est disposé un poème, constitué de la poussière provenant de la taille des têtes des sirènes sculptées en pierre :
"Le chant capital engloutit tout autre mélodie qui tente de s’élever. C'est le chant dominant que le monde aime entendre pour se rassurer. Il nous prend par la nuque et nous accompagne dans les eaux profondes et sombres de l’humanité."
Until the end, pierres de calcaire (rebuts de chantier), gravures, gel échographique, charbon végétale et murs brulés, 2023.
Deux gravures se font face: Watch until the end et Wait for it. Elles sont accrochées sur des murs conservant les stigmates d'un feu. Ce sont des phrases que l’on peut lire sur des vidéos que l’on regarde quotidiennement sur nos réseaux sociaux. Elles nous interrogent sur notre rapport au temps et notre inaction face à l’état des choses.
Entre ces deux injonctions dominantes, au sol, il y a un silence gravé dans le béton et rechampi par un aspect de pétrole noir épais, pouvant refléter les spectateur.ices et les jeux de lumières naturelles qui traversent l'espace d'exposition. Nous sommes noyés dans un flux d’informations et d’images. Tout semble fait pour que l’on consomme encore plus de contenus. Attirer les yeux pour ne plus voir et tuer l’action.
Le lancé, impression sur toile fine, impression 3D en PLA, chute de marbre, métal. Exposition Ergologre, à l'Espace Voltaire, orchestré par Léo Landreau, 2021.
Un drapeau coloré prend le vent, et s’anime par le passage du public. Une image est proposée, jouant entre l’abstraction et la figuration, entre la photographie et la peinture. On y voit des fragments de corps humain et un drapé orange vif, qui est la mise à plat de la texture de la statuette blanche présente sous le drapeau. Une jeune femme couvert d’un drapé tient un objet dans sa main, prêt à le lancer. Elle est masquée pour se protéger, se cacher le visage et semble se révolter. Elle est la Koré des temps moderne, la représentation de la jeunesse.
En 1764, Winckelmann pose le blanc des Grecs comme un summum de l’art. Le blanc antique deviendra même un argument politique en 1830 quand la nation grecque s'émancipe du joug ottoman, et se « purifie » de ses couleurs vives. Plus tard, la reproduction et la diffusion de ces statues se fit en plâtre et permit au régime fascistes et nazis d’asseoir leur théorie sur la supériorité des aryens. Ce refus de la polychromie a été un mensonge historique qui a traversé des siècles.
Ici le drapeaux est multicolore, prêt à habiller la statue blanche.
Nos Métamorphoses, gravure en Trajan, pierres : Saint Maximin. Exposition Ergologre, à l'Espace Voltaire, orchestré par Léo Landreau.
« Nous vivons dans l'oubli de nos métamorphoses (...)
Mais cet écho qui roule tout le long du jour
Cet écho hors du temps d'angoisse ou de caresses (...)
Sommes-nous près ou loin de notre conscience (...) »
Ces quatre vers sont extraits de « Notre mouvement », dans Le dure désir de durer, Paul Eluard, 1946, et lu dans Alphaville de JLG, en 1965.
Ce vers fait écho à l'étrange période que nous traversons. Lors de l'exposition, la plaque «DANS» est parfois retirée du mur par un performeur et déplacée dans un autre espace. «DANS» se retrouve seul dans un pièce vide et la citation tronquée prend alors un sens autre. Les fragments permettent de développer des imaginaires et des jeux de lectures chez le spectateur.
L’ordre présent est le désordre du futur, Statue de marbre cassée réalisée par Eugène Viollet-le-Duc, impression 3D en PLA, inscription à la mine de plomb, socle en bois contreplaqué, au Château de l'Emperi, Salon-de-Provence, 2020.
Statue de marbre cassée réalisée par Eugène Viollet-le-Duc, impression 3D en PLA, inscription à la mine de plomb, socle en bois contreplaqué, au Château de l'Emperi, Salon-de-Provence . La statue présentée a subi le travail du temps et très probablement les actes de vandalismes supposés d’étudiants en 1969. L’éphèbe couché, sans son socle original, renvoie une image en tension, mêlant beauté et catastrophe, savoirs et imaginaires, grandeur et effondrement. Plusieurs narrations sont possibles, est-ce que sa posture évoque sa propre histoire ou est-ce un écho d’une violence contemporaine face à une représentation de la jeunesse actuelle? Entre geste archéologique et geste sculptural, est proposé au public des ponts formels et historiques questionnant la place de la jeunesse dans une société qui peine à se faire entendre.
(L’ordre présent est le désordre du futur est une citation de Louis Antoine de Saint-Just, révolutionnaire guillotiné en 1794 à l’âge de 26 ans. En 1989, Ian Hamilton Finlay a traduit cette phrase en anglais puis l’a gravé dans des blocs de pierre pour son œuvre Little Sparta).
Le Cimetière du réconfort, Pierres de calcaire, asphalte, gravure lapidaire, socle en métal.
Biennale d’arts numériques : Jusqu’ici tout va bien ?, 104, Paris, commissariat : Gilles Alvarez et José Manuel Gonçalves, 2021.
Les stèles disposées en arc de cercle comme elles pourraient être dans un cimetière commémoratif, font face au regardeur.
Placé au centre de l’installation, le public peut voir gravées des phrases qu’il entend au quotidien, parfois nous ne leur prêtons même plus d’attention. Partout, ces mots sont dit pour repousser une réalité sans apporter de solution, pour se rassurer que jusqu’ici, tout va bien:
«Ça va aller », «C’est la vie», «Ne t’en fais pas», «Oublie ça», «Tout ira bien».
Les stèles sont en pierre de taille, en calcaire, comme les immeubles Haussmanniens, le sol, sans vie, est en asphalte, comme les routes et les sols de nos villes.
Avec une touche de cynisme, l’idée du réconfort est supprimée, dans l’objectif de questionner la notion d’aisance de nos vies d’occidentaux, qui nous empêche de nous mettre en action.
Il y a l’idée de supprimer un champ lexical ou des habitudes pour espérer changer nos façons de faire et d’être.
Le Discophore, Plâtre réalisé par l’Atelier de moulage du Louvre (fin XIXe siècle), impression 3D PLA. Biennale d'arts numériques : Jusqu'ici tout va bien ?, 104, Paris, commissariat : Gilles Alvarez et José Manuel Gonçalves, 2020.
Les recherches des plus grands scientifiques et la soif de l’innovation permanente ont permis l’annonce en 2020 de la création (imminente) de l’Homolibri. Une espèce qui est libre de se transformer à sa guise, de devenir le reflet qu’elle souhaite. L’humain se mélange aux nano-technologies et se modifie. Dans ce «nouveau monde augmenté» les prothèses sont omniprésentes dans notre quotidien et permettent aux objets de prendre vie.
Les statues, représentant les canons de beauté antique, peuvent être réparées, augmentées, et même renaître. Le temps n’est plus linéaire, ses frontières s’estompent. L’image et l’apparence sont devenues les maîtres mots de notre époque.
Le Discophore est en posture d’attente, de réflexion avant le moment crucial, l’action est imminente. Le sport était très important dans l’Antiquité greco-romaine, cela était un moyen d’honorer les Dieux. Aujourd’hui l’Homme est toujours dans cette quête de l’amélioration, de la performance et le canon de beauté masculin a peu changé depuis 2500 ans. Avec l’aide de prothèses, de l’I.A et des recherches autour du transhumanisme, l’Homme de 2020 se rêve immortel et souhaite se mesurer au divin, défier l’Histoire.
Le relais, Impression 3D en PLA gris, inscription grecque, métal, céramique, émaux, inscription grecque, au Louvre à Paris, 2019.
L’avant-bras gauche qui fait défaut au Kouros antique, est ici remplacé par la prothèse d’un jeune homme d’aujourd’hui qui comme les grecs de l’Antiquité, ne dissocie pas la beauté physique de celle de l’esprit. Son bras est marqué par une inscription:ΣΩΣΕ ΤΟΝ ΠΛΑΝΗΤΗ ΑΥΤΟΚΤΟΝΑ qui signifie: « Sauve la planète. Suicide-toi ».
Ma génération est marquée par la conscience de l’impact néfaste et destructeur de nos sociétés sur la biodiversité. L’inscription est également le titre d’une composition musicale de Chris Korda, apôtre de « l’Église de l’Euthanasie ». Entre geste archéologique et geste sculptural, ce fragment de corps porte un message dont on ne sait si il provient de la Grèce antique ou s’il est une injonction de notre génération.
Une lacune nécessaire, expose l’empreinte de l’avant-bras perdu du Kouros antique. Cet estampage en terre établit un dialogue entre les techniques classiques et contemporaines de reproduction d’une sculpture. Le manque est représenté par cette enveloppe colorée, comme si la statue était à vif. Les couleurs de l’estampage rappellent ainsi que les statues grecques étaient polychromes, contrairement à l’hypothèse d’une « Grèce blanche », immaculée, qui, développée à la Renaissance, puis définie par Johann Winckelmann perdura pendant plusieurs siècles.
Cent marbres, Mosaïque de marbres, maille, colle époxy. Pièce unique, poids : 16 kg, à galerie Graf et Espace Voltaire, Paris, 2018.
Les morceaux de marbres sont des rebuts de marbriers récupérés. Il y a l'idée de porter ce qui n'a plus de valeur aux yeux d'une entreprise, d'une société́. La mosaïque est présentée sur un portant en fer forgé. Elle est fixe, mais une fois portée le son des fragments de marbres se fait entendre dans l'espace d'exposition, et la mosaïque, habituellement figée, est ici mise en mouvement (grâce aux déplacements du modèle). Les règles classiques de ce savoir- faire sont détournées. La parure influe sur la marche du modèle et l'amène à avoir un pas ralenti, comme si la personne se pétrifie, ou à l'inverse, comme si la statue devenait humaine.
Temps sculptés, Plaque de marbre, vidéo projection. Fondation Ricard, « Nos ombres devant nous», commissaire: Basalte. Dim. 110x90cm, 2017.
Les veines du marbre millénaire semblent se mouvoir, comme si elles prenaient vie. Comme si le temps voulait se réveiller et changer de forme. La vidéo d’une bâche s’agitant au vent évoque cette tentative de transformation d’un état en un autre.
Cette captation prend l’environnement par surprise lorsqu’il exprime sa fougue, sa colère, son soulèvement. Cette bâche grise devient le temps d’un instant une sculpture animée, un drapé aussi captivant que La Pudeur d’Antonio Corradini (à La Chapelle Sansevro). On commence à oublier son utilité première (ici protéger des bottes de foins de la pluie. Son rôle à présent, nous donner à voir le paysage autrement.
Regarder la koré, Céramique et émaux, inscriptions aux poinçons d'un extrait de poème issu du recueil Entre les ombres
de Nikos Erinakis (édition Desmos), dimensions variables, 2018.
Les Beaux-Arts de Paris ont une collection de statues considérable. Une d'entre elles était à côté de l'atelier de mosaïque. J'ai alors décidé d'enquêter pour connaître son histoire. C'est une étude de la Korè 684, exposée au musée de l'Acropole, elle marque une rupture avec les korés Ioniennes car elle a un air naturel, sans sourire.
Ce style de sculpture de jeune femme apportant des offrandes fait écho directement avec l'état économique de la Grèce qui brade ses forces de production pour rembourser les taux d’intérêts de la banque européenne. Les empreintes de la Korè nous livrent un message. Dans ces fragments de peau de la Korè est inscrit des poèmes de Nikos Erinakis, jeune poète vivant à Athènes, et d'autres fragments de texte écrits par mes soins.
La pierre qui ne sourit pas, 609 pages imprimées recto/verso en couleur, papier 100g Color Copy, Reliure en thermocollage, 6 exemplaires, 11,5 x 9,3 cm. Édition réalisée d’après le film La pierre triste de Filippos Koutsaftis, 2017.
Le film de Filippos Koutsaftis a été tourné pendant plus de 10 ans à Éleusis, une petite ville industrielle en périphérie d’Athènes. Elle est liée au mythe de Déméter, déesse de l’agriculture et de la fertilité́. Koutsaftis observe les activités quotidiennes modestes et grandioses, découvre les témoignages de son visage antique encastrés dans les murs de la vie contemporaine. Il saisit ce qui survit au présent, capture cette bataille entre le passé et le présent. La mémoire est le ciment/mortier de deux époques différentes, qui parfois s’entrechoquent. Dans cette œuvre, l’édition est une suite de captures d’écrans du film (Vostf) de Filippos Koutsaftis. L’objet livre permet un lien intime et quotidien avec la poésie formelle et littéraire de Koutsaftis. Cette édition est une traduction du film vers un format matériel, qui permet la lecture de courts extraits qui peuvent se suffirent à eux- mêmes, tel un recueil de poésie.
Moments sculptés, Marbres, découpes jet d'eau, smartphones, chargeurs de smartphones, dim. variables, 2017.
Dans cette installation les veines du marbre millénaire semblent se mouvoir, comme si elles prenaient vie. La vidéo d’une bâche s’agitant au vent évoque cette tentative de transformation d’un état en un autre. Cette bâche grise devient le temps d’un instant un drapé captivant, une sculpture animée. On commence à oublier son utilité première (ici protéger des bottes de foins de la pluie). Son rôle à présent, nous donner à voir le paysage autrement.
On n’a pas peur des ruines, Marbre de Naxos, gravure, feuille d’or, dimension variable.
On n’a pas peur des ruines est une pièce réalisée d'après une photographie prise dans la rue (pendant le mouvement Nuit Debout). Cette rapide inscription écrite au marqueur sur un mur est ici figée dans des morceaux de marbre. Les codes d’écritures épigraphiques sont inversés : le graffiti est valorisé et devient pérenne dans le marbre et par la traitement des lettres à la feuille d'or. La phrase est extraite d'une citation du révolutionnaire espagnol, Buenaventura Durruti :
“Nous n’avons pas peur des ruines.
Nous sommes capables de bâtir aussi.
C’est nous qui avons construit les palais
et les villes d’Espagne {...}”.
La dimension murale, Livre découpé La Dimension Cachée, d’Ed. T. Hall, enduit, mine de plomb, 40 × 500 cm, à Aubervilliers, exposition Le MUR à l'Entre Monde (batiment occupé) et à Maracay, Vénézuela, dans une jardin en 2021.
Cette oeuvre in situ propose une requalification du mur en le transformant en un espace de lecture collectif. Le livre, La Dimension Cachée d’Ed. T. Hall est disposé page par page, collé sur la tranche pour créer une peau, un épiderme au mur. Il devient fragile, vivant, réagissant aux passages des regardeurs. Le mur sur lequel la pièce a été inscrite sera démoli pour construire un nouvel immeuble. L'anthropologue nous parle des espaces de vie nécessaires dans différentes cultures. La situation à venir de ce mur entre en écho avec le livre de Ed. T. Hall.
Autoporté, tatouage temporaire sur mesure lors du défilé de Nouvelle Collection organisé par Nefissa Belhadjali aux Beaux-Arts de Paris. Performeuse: Tempérance Cole.
Grace aux réseaux sociaux, l'art de l'autoportrait est à son apogée. Les images que l'on poste délivrent des informations sur chaque utilisateur. Avec Autoporté, j'ai choisi une personne que je ne connaissais pas, puis j'ai récupéré ses photos et ses selfies sur facebook, instagram et snapchat.
Ce vêtement temporaire est composé de grandes écailles photographiques qui recouvrent le buste de la performeuse. Elle est habillée par sa propre image. Ses portraits sont déformés lorsqu'elle marche et que son buste bouge, et questionnent notre rapport à notre image et identité sur les réseaux sociaux.
La vague, Eau, réceptacle d'eau, cimaise, produit hydrophobe, texte, aux Beaux Arts de Paris.
La vague peut être le symbole de notre époque. Elle évoque aussi bien le soulèvement, la tempête, que le risque, l’effondrement, ou encore la répétition (de faits historiques dans ce cas).
Un contenant de 250L d’eau caché derrière une cimaise surprend le regardeur en créant une vague. Une chape de béton a été coulé au préalable pour que l’eau s’écoule dans toute la pièce d’exposition dans le but de révéler un texte s’animant par le passage de l’eau. Le lieu d'exposition est envahi d'un coup par un élément naturel.
Extraits de paroles, Eau, dimensions variables. Quartier du Marché Popincourt, à Paris. Pièce réalisée avec Clément Valette, 2016.
Pour le festival Vis à Vis, des fragments de discussions privées ont été recueillis dans l’espace public et seront révélés par mes soins. Ainsi nous questionnons l’importance et le statut des propos du quotidien, des échanges entre citadins. La sélection des dialogues est le fruit de hasard, d’attention et d’intuition. Un jeu s’opère avec la mémoire du lieu et les formes que peuvent prendre ces discussions. L'utilisation de matériaux communs et éphémères tel que la craie, le blanc de Meudon et l'eau permettent de désacraliser les possibilités d’inscriptions dans l'espace public, et donc de se l'approprier à des fins ludiques et poétiques.
Evènements potentiels, Plaques de marbre et papier doré sérigraphiés, plexiglass et boulons, 2014.
En jouant avec les codes « traditionnels » des plaques historiques et commémoratives souvent nominatives, j'invente des faits sans portée historique. Chaque plaque relate une histoire banale à laquelle un certain nombre de citadins peut s’identifier, devenant ainsi les personnages principaux de ces plaques.
USTAMK, Deux sgraffiti co-réalisé avec Clément Valette, 2 x 0, 7 m & 1, 20 x 1, 50 m, Xe arrondissement de Paris.
Début 2014, après des mouvements d’indignation sur les réseaux sociaux, le gouvernement Turc décide d’interdire Twitter et Youtube pendant plusieurs semaines. Le journaliste Onder Aitak a été condamné à 10 mois de prison avec sursis pour avoir insulté Recep Tayyip Erdoğan dans un subtile jeu de mots sur Twitter.
Le premier sgraffito reprend le tweet en turc du journaliste. Le second vient expliquer en français le jeu de mots et la condamnation de M. Aitak. Le fait de construire un support et de s’installer dans l’espace public a provoqué plusieurs discussions et débats autour de la démocratie, de la liberté d’expression, des droits des minorités ethniques, de l’acte d’écriture, de l’artisanat, etc.
Mur des-amours, Gravures sur marbres (rebuts de la Marbrerie de Vitry), feuille d'or, socle en pierre de taille, dimensions variables. Installation réalisée lors ma résidence au fonds de dotation Verrecchia, au château de la Maye, à Versailles, 2023.
Partageant mon désir avec les autres résident.es de travailler sur l'Amour, un thème en relation avec l'histoire du lieu, j'ai recueilli des échanges amoureux qu'ils et elles avaient récemment eus dans leurs relations. De ces écrits intimes, j'ai sélectionné des phrases puis les ai gravés dans des fragments de marbres pour créer un mur reflétant les sentiments amoureux.ses qui habite ce lieu actuellement.
Un peu à la manière des Ex-Voto, les plaques gravées sont accrochées à un mur devant lequel nous pouvons nous remémorer nos états amoureux passés et ceux qui nous accompagnent encore aujourd'hui.
La découverte, buste et tête en pierre, sculpté à la main, reproduction de documents issus des archives de la ville de Versailles. Dimensions variables, 2023.
«L'artiste a commencé sa résidence par se rendre aux archives de la ville pour obtenir plus d'informations concernant le château de La Maye, et a remarqué que deux «illustres» couples y ont séjourné : Le Duc et la Duchesse de Windsor ainsi que le Roi et la Reine Géraldine d'Albanie.
Il a également trouvé un document stipulant que le Roi Zog Ier avait passé la commande d'une statue représentant sa femme, Géraldine d'Albanie, auprès d'un sculpteur Versaillais. Ainsi qu’une lettre évoquant le départ précipité du couple à cause de l'arrivée des Allemands, qui les a empêchés de prendre tous leurs biens. La lettre mentionne qu'« un jour ils pourront revenir les récupérer ». Cette phrase est restée dans son esprit et il a décidé de collaborer avec l'archéologue Matéo Martorella pour l'aider à mener une fouille dans le jardin du Château dans l’espoir de trouver Après plusieurs journées de recherche, ils ont découvert une tête sculptée et le buste de Géraldine d'Albanie enterrés au fond du château dans l'espoir de pouvoir les retrouver plus tard, après la guerre. Cette fiction archéologique créé des échanges entre les visiteurs et les habitants de Versailles, où doutes et imaginaires se bousculent pour nous déconnecter du présent.»
Océane Bazir.
Remerciements de l'artiste à Hugues Moncelet, Surya David White, Léna Chalazonitis, l'Institut Archéologique d'Albanie, et toustes les résident.es qui lui ont partagé leurs regards et leurs écrits.
Courage et peur, Bas-reliefs sculptés dans de la pierre de taille 60 x 30 cm et 4,5 cm d'épaisseur, 2023.
"Dans le cadre de sa résidence au château de La Maye, l'artiste a cherché à se confronter à l'histoire du lieu. Il a découvert que deux couples royaux y avaient séjourné, cela lui a donné l'occasion de se confronter à ses appréhensions et désirs : parler d'amour et travailler la pierre en volume (3D). Le résultat de sa résidence présente trois œuvres liées entre elles ; " La découverte", " Mur des-amours " et " Courage et peur".
Timothée Chalazonitis a récolté, auprès des autres résident.es, des échanges amoureux qu'iels avaient pu échanger récemment avec leurs amoureux.ses. De ces mots intimes, il a sélectionné des fragments et les a gravés pour faire un mur reflétant les émotions diverses qui nous traversent lorsque l'on est en amour. Les deux bas-reliefs en pierre de taille, Courage et Peur, mêlent dessin et typographie, signes et mots. Ces symboles évoquent les thèmes du temps et de l'amour et sont liés à la personne qu'il aime aujourd'hui".
Océane Bazir
Remerciements de l'artiste à Hugues Moncelet, Surya David White, Léna Chalazonitis, l'Institut Archéologique d'Albanie, et toutes les résident·es qui lui ont partagé leurs regards et leurs écrits.
Saxifrage, Fragment d'un texte de la sociologue Marie-José Mondzain lors de la rencontre Saxifraga Politica en 2005.
12 blocs de 25x25x25 cm de Tuffeau, à Saumur. Gravures co-réalisées avec Bruno Coubernoux, Nobouko Nansenet & Thibaut Barrault
Projet de création pour l'Académie des Savoir-faire de la Fondation Hermès. Marie-José Mondzain aimait parler des saxifrages, ces petites plantes qui vivent dans les fissures des rochers et dont le système racinaire peut parfois briser des morceaux de falaise de plusieurs tonnes.
"C'est la vie qui surgit au milieu des cailloux C'est la mobilité du jeu qui secoue le sommeil des choses".
Pour l'occasion, j'ai conçu une typographie créant plus d'angles, jouant davantage avec les vibrations de la lumière et la forme rectangulaire de l’installation collective.
E se domani, Gravure sur fragments de colonne en pierre de calcaire, enregistrement sonore, 2023.
Sur un fragment de colonne est gravé le début de la chanson de Mina:
« Et si demain je ne pouvais plus te voir ?
Et si tu te lassais de moi ?
Et si demain, et j’insiste sur le « si »,
par surprise, je venais à te perdre.
Je perdrais le monde entier,
pas seulement toi ».
Lors d’un voyage à Venise avec des ami.es, je pousse la porte d’une vieille boutique à souvenirs. Luigi nous accueille et nous fait assoir dans son arrière-boutique pour chanter, a cappella, E se Domani di Mina. Luigi nous fait ce cadeau, sans trop savoir pourquoi, il a voulu nous partager ce fragment d’Italie.
Le son de l’enregistrement effectué à ce moment-là est diffusé parmi les pierres, celles qui sont habituellement stockées dans mon atelier, tel un champs de ruines attendant de recevoir un jour, une nouvelle forme.
Le chant capital, Plaque de marbre, pierres de Saint Maximin, bois aggloméré hydrofuge, métal, poussière de pierre, dimensions variables, 2022.
Quel serait le chant des sirènes de notre époque ?
Quelles paroles pourraient nous traverser pour que l'on veuille les suivre et plonger avec elles au fond des mers ?
Quelles promesses et quels désirs sommes-nous prêts à suivre au risque de perdre notre raison ?
L’installation joue avec l’architecture brut du lieu d’exposition. Ces femmes-oiseaux rodent autour du buste d'Ulysse accroché au mat. Au sol, de manière discrète est disposé un poème, constitué de la poussière provenant de la taille des têtes des sirènes sculptées en pierre :
"Le chant capital engloutit tout autre mélodie qui tente de s’élever. C'est le chant dominant que le monde aime entendre pour se rassurer. Il nous prend par la nuque et nous accompagne dans les eaux profondes et sombres de l’humanité."
Until the end, pierres de calcaire (rebuts de chantier), gravures, gel échographique, charbon végétale et murs brulés, 2023.
Deux gravures se font face: Watch until the end et Wait for it. Elles sont accrochées sur des murs conservant les stigmates d'un feu. Ce sont des phrases que l’on peut lire sur des vidéos que l’on regarde quotidiennement sur nos réseaux sociaux. Elles nous interrogent sur notre rapport au temps et notre inaction face à l’état des choses.
Entre ces deux injonctions dominantes, au sol, il y a un silence gravé dans le béton et rechampi par un aspect de pétrole noir épais, pouvant refléter les spectateur.ices et les jeux de lumières naturelles qui traversent l'espace d'exposition. Nous sommes noyés dans un flux d’informations et d’images. Tout semble fait pour que l’on consomme encore plus de contenus. Attirer les yeux pour ne plus voir et tuer l’action.
Le lancé, impression sur toile fine, impression 3D en PLA, chute de marbre, métal. Exposition Ergologre, à l'Espace Voltaire, orchestré par Léo Landreau, 2021.
Un drapeau coloré prend le vent, et s’anime par le passage du public. Une image est proposée, jouant entre l’abstraction et la figuration, entre la photographie et la peinture. On y voit des fragments de corps humain et un drapé orange vif, qui est la mise à plat de la texture de la statuette blanche présente sous le drapeau. Une jeune femme couvert d’un drapé tient un objet dans sa main, prêt à le lancer. Elle est masquée pour se protéger, se cacher le visage et semble se révolter. Elle est la Koré des temps moderne, la représentation de la jeunesse.
En 1764, Winckelmann pose le blanc des Grecs comme un summum de l’art. Le blanc antique deviendra même un argument politique en 1830 quand la nation grecque s'émancipe du joug ottoman, et se « purifie » de ses couleurs vives. Plus tard, la reproduction et la diffusion de ces statues se fit en plâtre et permit au régime fascistes et nazis d’asseoir leur théorie sur la supériorité des aryens. Ce refus de la polychromie a été un mensonge historique qui a traversé des siècles.
Ici le drapeaux est multicolore, prêt à habiller la statue blanche.
Nos Métamorphoses, gravure en Trajan, pierres : Saint Maximin. Exposition Ergologre, à l'Espace Voltaire, orchestré par Léo Landreau.
« Nous vivons dans l'oubli de nos métamorphoses (...)
Mais cet écho qui roule tout le long du jour
Cet écho hors du temps d'angoisse ou de caresses (...)
Sommes-nous près ou loin de notre conscience (...) »
Ces quatre vers sont extraits de « Notre mouvement », dans Le dure désir de durer, Paul Eluard, 1946, et lu dans Alphaville de JLG, en 1965.
Ce vers fait écho à l'étrange période que nous traversons. Lors de l'exposition, la plaque «DANS» est parfois retirée du mur par un performeur et déplacée dans un autre espace. «DANS» se retrouve seul dans un pièce vide et la citation tronquée prend alors un sens autre. Les fragments permettent de développer des imaginaires et des jeux de lectures chez le spectateur.
L’ordre présent est le désordre du futur, Statue de marbre cassée réalisée par Eugène Viollet-le-Duc, impression 3D en PLA, inscription à la mine de plomb, socle en bois contreplaqué, au Château de l'Emperi, Salon-de-Provence, 2020.
Statue de marbre cassée réalisée par Eugène Viollet-le-Duc, impression 3D en PLA, inscription à la mine de plomb, socle en bois contreplaqué, au Château de l'Emperi, Salon-de-Provence . La statue présentée a subi le travail du temps et très probablement les actes de vandalismes supposés d’étudiants en 1969. L’éphèbe couché, sans son socle original, renvoie une image en tension, mêlant beauté et catastrophe, savoirs et imaginaires, grandeur et effondrement. Plusieurs narrations sont possibles, est-ce que sa posture évoque sa propre histoire ou est-ce un écho d’une violence contemporaine face à une représentation de la jeunesse actuelle? Entre geste archéologique et geste sculptural, est proposé au public des ponts formels et historiques questionnant la place de la jeunesse dans une société qui peine à se faire entendre.
(L’ordre présent est le désordre du futur est une citation de Louis Antoine de Saint-Just, révolutionnaire guillotiné en 1794 à l’âge de 26 ans. En 1989, Ian Hamilton Finlay a traduit cette phrase en anglais puis l’a gravé dans des blocs de pierre pour son œuvre Little Sparta).
Le Cimetière du réconfort, Pierres de calcaire, asphalte, gravure lapidaire, socle en métal.
Biennale d’arts numériques : Jusqu’ici tout va bien ?, 104, Paris, commissariat : Gilles Alvarez et José Manuel Gonçalves, 2021.
Les stèles disposées en arc de cercle comme elles pourraient être dans un cimetière commémoratif, font face au regardeur.
Placé au centre de l’installation, le public peut voir gravées des phrases qu’il entend au quotidien, parfois nous ne leur prêtons même plus d’attention. Partout, ces mots sont dit pour repousser une réalité sans apporter de solution, pour se rassurer que jusqu’ici, tout va bien:
«Ça va aller », «C’est la vie», «Ne t’en fais pas», «Oublie ça», «Tout ira bien».
Les stèles sont en pierre de taille, en calcaire, comme les immeubles Haussmanniens, le sol, sans vie, est en asphalte, comme les routes et les sols de nos villes.
Avec une touche de cynisme, l’idée du réconfort est supprimée, dans l’objectif de questionner la notion d’aisance de nos vies d’occidentaux, qui nous empêche de nous mettre en action.
Il y a l’idée de supprimer un champ lexical ou des habitudes pour espérer changer nos façons de faire et d’être.
Le Discophore, Plâtre réalisé par l’Atelier de moulage du Louvre (fin XIXe siècle), impression 3D PLA. Biennale d'arts numériques : Jusqu'ici tout va bien ?, 104, Paris, commissariat : Gilles Alvarez et José Manuel Gonçalves, 2020.
Les recherches des plus grands scientifiques et la soif de l’innovation permanente ont permis l’annonce en 2020 de la création (imminente) de l’Homolibri. Une espèce qui est libre de se transformer à sa guise, de devenir le reflet qu’elle souhaite. L’humain se mélange aux nano-technologies et se modifie. Dans ce «nouveau monde augmenté» les prothèses sont omniprésentes dans notre quotidien et permettent aux objets de prendre vie.
Les statues, représentant les canons de beauté antique, peuvent être réparées, augmentées, et même renaître. Le temps n’est plus linéaire, ses frontières s’estompent. L’image et l’apparence sont devenues les maîtres mots de notre époque.
Le Discophore est en posture d’attente, de réflexion avant le moment crucial, l’action est imminente. Le sport était très important dans l’Antiquité greco-romaine, cela était un moyen d’honorer les Dieux. Aujourd’hui l’Homme est toujours dans cette quête de l’amélioration, de la performance et le canon de beauté masculin a peu changé depuis 2500 ans. Avec l’aide de prothèses, de l’I.A et des recherches autour du transhumanisme, l’Homme de 2020 se rêve immortel et souhaite se mesurer au divin, défier l’Histoire.
Le relais, Impression 3D en PLA gris, inscription grecque, métal, céramique, émaux, inscription grecque, au Louvre à Paris, 2019.
L’avant-bras gauche qui fait défaut au Kouros antique, est ici remplacé par la prothèse d’un jeune homme d’aujourd’hui qui comme les grecs de l’Antiquité, ne dissocie pas la beauté physique de celle de l’esprit. Son bras est marqué par une inscription:ΣΩΣΕ ΤΟΝ ΠΛΑΝΗΤΗ ΑΥΤΟΚΤΟΝΑ qui signifie: « Sauve la planète. Suicide-toi ».
Ma génération est marquée par la conscience de l’impact néfaste et destructeur de nos sociétés sur la biodiversité. L’inscription est également le titre d’une composition musicale de Chris Korda, apôtre de « l’Église de l’Euthanasie ». Entre geste archéologique et geste sculptural, ce fragment de corps porte un message dont on ne sait si il provient de la Grèce antique ou s’il est une injonction de notre génération.
Une lacune nécessaire, expose l’empreinte de l’avant-bras perdu du Kouros antique. Cet estampage en terre établit un dialogue entre les techniques classiques et contemporaines de reproduction d’une sculpture. Le manque est représenté par cette enveloppe colorée, comme si la statue était à vif. Les couleurs de l’estampage rappellent ainsi que les statues grecques étaient polychromes, contrairement à l’hypothèse d’une « Grèce blanche », immaculée, qui, développée à la Renaissance, puis définie par Johann Winckelmann perdura pendant plusieurs siècles.
Cent marbres, Mosaïque de marbres, maille, colle époxy. Pièce unique, poids : 16 kg, à galerie Graf et Espace Voltaire, Paris, 2018.
Les morceaux de marbres sont des rebuts de marbriers récupérés. Il y a l'idée de porter ce qui n'a plus de valeur aux yeux d'une entreprise, d'une société́. La mosaïque est présentée sur un portant en fer forgé. Elle est fixe, mais une fois portée le son des fragments de marbres se fait entendre dans l'espace d'exposition, et la mosaïque, habituellement figée, est ici mise en mouvement (grâce aux déplacements du modèle). Les règles classiques de ce savoir- faire sont détournées. La parure influe sur la marche du modèle et l'amène à avoir un pas ralenti, comme si la personne se pétrifie, ou à l'inverse, comme si la statue devenait humaine.
Temps sculptés, Plaque de marbre, vidéo projection. Fondation Ricard, « Nos ombres devant nous», commissaire: Basalte. Dim. 110x90cm, 2017.
Les veines du marbre millénaire semblent se mouvoir, comme si elles prenaient vie. Comme si le temps voulait se réveiller et changer de forme. La vidéo d’une bâche s’agitant au vent évoque cette tentative de transformation d’un état en un autre.
Cette captation prend l’environnement par surprise lorsqu’il exprime sa fougue, sa colère, son soulèvement. Cette bâche grise devient le temps d’un instant une sculpture animée, un drapé aussi captivant que La Pudeur d’Antonio Corradini (à La Chapelle Sansevro). On commence à oublier son utilité première (ici protéger des bottes de foins de la pluie. Son rôle à présent, nous donner à voir le paysage autrement.
Regarder la koré, Céramique et émaux, inscriptions aux poinçons d'un extrait de poème issu du recueil Entre les ombres
de Nikos Erinakis (édition Desmos), dimensions variables, 2018.
Les Beaux-Arts de Paris ont une collection de statues considérable. Une d'entre elles était à côté de l'atelier de mosaïque. J'ai alors décidé d'enquêter pour connaître son histoire. C'est une étude de la Korè 684, exposée au musée de l'Acropole, elle marque une rupture avec les korés Ioniennes car elle a un air naturel, sans sourire.
Ce style de sculpture de jeune femme apportant des offrandes fait écho directement avec l'état économique de la Grèce qui brade ses forces de production pour rembourser les taux d’intérêts de la banque européenne. Les empreintes de la Korè nous livrent un message. Dans ces fragments de peau de la Korè est inscrit des poèmes de Nikos Erinakis, jeune poète vivant à Athènes, et d'autres fragments de texte écrits par mes soins.
La pierre qui ne sourit pas, 609 pages imprimées recto/verso en couleur, papier 100g Color Copy, Reliure en thermocollage, 6 exemplaires, 11,5 x 9,3 cm. Édition réalisée d’après le film La pierre triste de Filippos Koutsaftis, 2017.
Le film de Filippos Koutsaftis a été tourné pendant plus de 10 ans à Éleusis, une petite ville industrielle en périphérie d’Athènes. Elle est liée au mythe de Déméter, déesse de l’agriculture et de la fertilité́. Koutsaftis observe les activités quotidiennes modestes et grandioses, découvre les témoignages de son visage antique encastrés dans les murs de la vie contemporaine. Il saisit ce qui survit au présent, capture cette bataille entre le passé et le présent. La mémoire est le ciment/mortier de deux époques différentes, qui parfois s’entrechoquent. Dans cette œuvre, l’édition est une suite de captures d’écrans du film (Vostf) de Filippos Koutsaftis. L’objet livre permet un lien intime et quotidien avec la poésie formelle et littéraire de Koutsaftis. Cette édition est une traduction du film vers un format matériel, qui permet la lecture de courts extraits qui peuvent se suffirent à eux- mêmes, tel un recueil de poésie.
Moments sculptés, Marbres, découpes jet d'eau, smartphones, chargeurs de smartphones, dim. variables, 2017.
Dans cette installation les veines du marbre millénaire semblent se mouvoir, comme si elles prenaient vie. La vidéo d’une bâche s’agitant au vent évoque cette tentative de transformation d’un état en un autre. Cette bâche grise devient le temps d’un instant un drapé captivant, une sculpture animée. On commence à oublier son utilité première (ici protéger des bottes de foins de la pluie). Son rôle à présent, nous donner à voir le paysage autrement.
On n’a pas peur des ruines, Marbre de Naxos, gravure, feuille d’or, dimension variable.
On n’a pas peur des ruines est une pièce réalisée d'après une photographie prise dans la rue (pendant le mouvement Nuit Debout). Cette rapide inscription écrite au marqueur sur un mur est ici figée dans des morceaux de marbre. Les codes d’écritures épigraphiques sont inversés : le graffiti est valorisé et devient pérenne dans le marbre et par la traitement des lettres à la feuille d'or. La phrase est extraite d'une citation du révolutionnaire espagnol, Buenaventura Durruti :
“Nous n’avons pas peur des ruines.
Nous sommes capables de bâtir aussi.
C’est nous qui avons construit les palais
et les villes d’Espagne {...}”.
La dimension murale, Livre découpé La Dimension Cachée, d’Ed. T. Hall, enduit, mine de plomb, 40 × 500 cm, à Aubervilliers, exposition Le MUR à l'Entre Monde (batiment occupé) et à Maracay, Vénézuela, dans une jardin en 2021.
Cette oeuvre in situ propose une requalification du mur en le transformant en un espace de lecture collectif. Le livre, La Dimension Cachée d’Ed. T. Hall est disposé page par page, collé sur la tranche pour créer une peau, un épiderme au mur. Il devient fragile, vivant, réagissant aux passages des regardeurs. Le mur sur lequel la pièce a été inscrite sera démoli pour construire un nouvel immeuble. L'anthropologue nous parle des espaces de vie nécessaires dans différentes cultures. La situation à venir de ce mur entre en écho avec le livre de Ed. T. Hall.
Autoporté, tatouage temporaire sur mesure lors du défilé de Nouvelle Collection organisé par Nefissa Belhadjali aux Beaux-Arts de Paris. Performeuse: Tempérance Cole.
Grace aux réseaux sociaux, l'art de l'autoportrait est à son apogée. Les images que l'on poste délivrent des informations sur chaque utilisateur. Avec Autoporté, j'ai choisi une personne que je ne connaissais pas, puis j'ai récupéré ses photos et ses selfies sur facebook, instagram et snapchat.
Ce vêtement temporaire est composé de grandes écailles photographiques qui recouvrent le buste de la performeuse. Elle est habillée par sa propre image. Ses portraits sont déformés lorsqu'elle marche et que son buste bouge, et questionnent notre rapport à notre image et identité sur les réseaux sociaux.
La vague, Eau, réceptacle d'eau, cimaise, produit hydrophobe, texte, aux Beaux Arts de Paris.
La vague peut être le symbole de notre époque. Elle évoque aussi bien le soulèvement, la tempête, que le risque, l’effondrement, ou encore la répétition (de faits historiques dans ce cas).
Un contenant de 250L d’eau caché derrière une cimaise surprend le regardeur en créant une vague. Une chape de béton a été coulé au préalable pour que l’eau s’écoule dans toute la pièce d’exposition dans le but de révéler un texte s’animant par le passage de l’eau. Le lieu d'exposition est envahi d'un coup par un élément naturel.
Extraits de paroles, Eau, dimensions variables. Quartier du Marché Popincourt, à Paris. Pièce réalisée avec Clément Valette, 2016.
Pour le festival Vis à Vis, des fragments de discussions privées ont été recueillis dans l’espace public et seront révélés par mes soins. Ainsi nous questionnons l’importance et le statut des propos du quotidien, des échanges entre citadins. La sélection des dialogues est le fruit de hasard, d’attention et d’intuition. Un jeu s’opère avec la mémoire du lieu et les formes que peuvent prendre ces discussions. L'utilisation de matériaux communs et éphémères tel que la craie, le blanc de Meudon et l'eau permettent de désacraliser les possibilités d’inscriptions dans l'espace public, et donc de se l'approprier à des fins ludiques et poétiques.
Evènements potentiels, Plaques de marbre et papier doré sérigraphiés, plexiglass et boulons, 2014.
En jouant avec les codes « traditionnels » des plaques historiques et commémoratives souvent nominatives, j'invente des faits sans portée historique. Chaque plaque relate une histoire banale à laquelle un certain nombre de citadins peut s’identifier, devenant ainsi les personnages principaux de ces plaques.
USTAMK, Deux sgraffiti co-réalisé avec Clément Valette, 2 x 0, 7 m & 1, 20 x 1, 50 m, Xe arrondissement de Paris.
Début 2014, après des mouvements d’indignation sur les réseaux sociaux, le gouvernement Turc décide d’interdire Twitter et Youtube pendant plusieurs semaines. Le journaliste Onder Aitak a été condamné à 10 mois de prison avec sursis pour avoir insulté Recep Tayyip Erdoğan dans un subtile jeu de mots sur Twitter.
Le premier sgraffito reprend le tweet en turc du journaliste. Le second vient expliquer en français le jeu de mots et la condamnation de M. Aitak. Le fait de construire un support et de s’installer dans l’espace public a provoqué plusieurs discussions et débats autour de la démocratie, de la liberté d’expression, des droits des minorités ethniques, de l’acte d’écriture, de l’artisanat, etc.